Le bourgeois gentillhomme

13/07/2024

Monsieur Jourdain, est ce qu'on pourrait appeler « un bon gars ». Nouveau riche, il souhaite se hisser au rang de gentilhomme en apprenant les us et coutumes de cet univers qu'il convoite tant. Engageant divers précepteurs, il s'essaye de manière un peu maladroite aux arts et aux lettres, aux sciences et à la philosophie, persuadé que cela lui ouvrira les portes de ce monde qu'il idolâtre. Profitant de sa naïveté et de son envie de côtoyer les plus grands, M. Jourdain se fait, comme on pourrait le dire en langage familièrement moderne, « arnaquer » par quelques malhonnêtes qui en veulent plus à sa bourse qu'à sa réelle soif d'apprendre. Devenu littéralement le bouffon de service voire le dindon de la farce, M. Jourdain n'a cure des mises en garde et autres avertissements de son épouse et de sa servante Nicole. De plus, M. Jourdain souhaite donner la main de sa fille Lucile uniquement à un gentilhomme et certainement pas à ce manant de Cléonte. C'est par un subtil tour de passepasse d'inspiration orientale que les jeunes gens tenteront de contourner le dessin de Monsieur Jourdain.

Dans cette comédie-ballet, grand classique de l'art dramatique français, la compagnie les pieds nus nous en met plein les mirettes et ce dès les premières secondes de la pièce (seule pièce de tout mon festival où ont été frappés les trois coups). Très vite le ton est donné et une œuvre à la fois chantée, dansée, jouée et déclamée se met en place telle une tornade étincelante face à nos yeux ébahis. Une cascade de couleurs se déverse sur scène tant par les perruques magnifiques que par les costumes chatoyants. Le maquillage est subtil et laisse entrevoir sur le visage de la jolie Lucile, un clin d'œil à l'opéra de Pékin.

Les anachronismes de cette mise en scène font légion, mais tout étant extravagance et explosion de couleurs, ça passe crème et le public en redemande. La dimension clownesque de cette œuvre est omniprésente au travers des mimiques des comédiens, des gags volontairement ratés, des danses loufoques, et grâce à un jeu de masque de la commedia dell'arte. Seuls éléments de décor de cette pièce : cinq trépieds lumineux et fleuris, exposés en fond de scène et sur lesquels reposent les magnifiques perruques de la troupe. Il y a aussi une grande diversité de musiques venant illustrer bon nombre de scènes : Histoire d'un amour de Dalida, Ya Rayah de Rachid Taha, Nuit d'Arabie d'Aladin, Je suis malade de Serge Lama mais également The cell block tango de la comédie musicale Chicago…

Mais ne serait-ce pas un poil « casse g… » que d'essayer de faire du neuf avec du vieux ? Et bien, je dois dire que non. Le pari fait par la compagnie les pieds nus est grandement réussi. Ce bourgeois-là donne une énergie communicative, c'est un spectacle classique à la sauce moderne, qui fait un bien fou !

Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella

Auteur : Molière
Jeu : Iana-Serena De Freitas, Mathilde Guêtré-Rguieg, Liwen Liang, Benoît Martinez, Bastien Ossart, Nicolas Quelquejay
Mise en scène : Bastien OSSART